les aventures étendues de Cecilia et Marquito au pays des steppes

25 marzo 2006

Cueva de las manos





Le petit groupe arrive près du canyon Rio Pinturas en camionette. Il est composé d'une dizaine de touristes, argentins de Buenos Aires ou européens. Notre débonnaire guide, qu'on peut appeler Harry ou Juan, a des aïeux allemands, écossais et hollandais. La camionnette elle même est d'un modèle russe des annees 80 ayant subit une greffe de moteur américain. Melting-pot patagon !

On descend 200 m depuis le haut du canyon vers les cavités. Les peintures sont bien conservées.
Quelques soient nos ascendants, nous ne sommes plus qu'un petit groupe d'humains devant les traces d'anciens petits groupes d'humains, pensais-je, ému. Ceux là se baladaient en slip de peau de guanaco il y a dix mille ans, et pourtant on leur trouve des considérations familières.

Les peintures les plus anciennes (-9500 av JC) représentent des scènes de chasse. Les archéologues relient ces dessins a un culte chamanique pour lequel la représentation de ce qu'on souhaite aide à l'obtenir.
On imagine, grâce à notre diable de guide, le gars se peulant les meules dans sa grotte en plein hiver austral. Il repense à son dernier méchoui avec nostalgie et attrape son pinceau parce qu'il n'a rien d'autre à faire en attendant les beaux jours.
Il y a aussi quelques dessins appelés "les danseurs"... pardon, nous on voit plutôt des figures aux jambes écartées ... pour Harry-Juan, comme les interprétations les plus simples sont les meilleures, on rigole bien."Les archéologues sont tous plus ou moins crédibles en fonction de leur degré d'alcoolémie..."

Les négatifs de mains sont plus récents (- 7000). Les gars s'emplissaient la bouche de pigment (il y en a plein dans le coin), se servaient d'un os creux de ñandu comme d'une paille et soufflaient sur la main appuyée au mur. Les théories vont bon train quand à la signification de ce geste. Cure préconisée par le chaman guérisseur ? Remerciement à la déesse mère ?
Empreintes de main gauche, de main droite, des deux en même temps; empreintes d'hommes plus ou moins âgés, boudinés ou rabougris par l'arthrite; et puis de femmes, d'enfants; et puis tiens, empreinte de pied, et hop de patte de guanaco par-ci, de puma par là, de ñandu... empreintes superposées ou isolées, éparpillées, cachées.
L'absence de hiérachie ou d'une quelconque organisation invitent à écarter les théories associant de façon rigide une unique croyance ou superstition.
Ce qui vient d'abord, pour le dessinateur, c'est la découverte d'une super réserve de pigments ! Le gars fait son mélange, prend son os, souffle sur sa main et se dit :

"Excelleeeent !"

Bien sûr après coup on y trouve des motivations : laisser une trace pour ceux qui suivent, marquer son appartenance, remercier, se protéger, guérir, réaliser un souhait ...un peu de tout ça, sûrement.