les aventures étendues de Cecilia et Marquito au pays des steppes

25 febrero 2006

Santa Thelma

Le 18 février un taxi nous laisse en plein désert, devant l'estancia Santa Thelma.
Nous faisons avec Marc Antoine et Céline, les propriétaires (estancieros), un échange de bons procédés : du travail contre le prêt de chevaux.

Pour accompagner ces photos de Santa Thelma, quelques petites choses apprises ici...

La Patagonie entière est divisée en estancias. On y traite du bétail à grande échelle sur des territoires (campo) complètement démesurés (on parle notamment des centaines de milliers d'hectares des estancias Benetton-qui-fait-des-pulls). Santa Thelma, elle, regroupe près de 8000 hectares, avec le projet de s'agrandir. Ici, étant donné la pauvreté des pâturages, il faut compter 4 hectares par brebis !
L'économie du coin tourne autour de trois produits : la viande (essentiellement de mouton, qui s'habitue bien au steppe-frite), la laine (de brebis, bien sûr, vu que les va-vaches elles font pas de lai-laine), et le pétrole (de brebis donc).
Tout l'intérêt de l'estanciero est de composer un troupeau qui rapporte, que ce soit pour ses qualités charnelles ou laineuses, ou les deux. Le bétail, dispersé, se balade hiver comme été sur ces propriétés composées à 60% de “mesetas” (plateaux exposés au vent) et parcourues par quelques gardiens-cavaliers : les peóns (Ici Atilio).

Les brebis ne sont rassemblées que de façon occasionnelle, que ce soit pour la tonte, le bain anti-parasite, les vaccins... ou se servir dans les rangs de frais et goûteux agneaux.
L'utilisation du cheval s'avère indispensable pour parcourir le campo. Toute estancia a sa horde de chevaux, la "trupilla". Certains hivers le péon doit guider cette dernière afin d'ouvrir des passages dans la neige aux brebis.

20 febrero 2006

Forces

Les forces-ce-sont-ces-ciseaux-ci-dessus, (si-si !), qui servaient anciennement pour la tonte, et qu'on retrouve sur certains blasons moyen-âgeux pour symboliser... la Force.
Comme elles sont encore en usage ici et que ce chapitre est dédié à nos travaux à Santa Thelma, on a pensé que ça faisait un bon titre !

On a notamment participé à la tonte des yeux. A cette occasion nous ratissons le campo à cheval pour ramener les 1500 brebis à l'estancia.
On travaille alors le troupeau au milieu des ruades, des bêlements affolés, des tentatives de défoncer les barrières. Il s'agit de dégager la laine autour des mirettes et d'installer des rétroviseurs pour que la brebis puisse mieux voir approcher ses prédateurs : le puma, le renard et le panier de la ménagère. Il faut aussi repérer les agneaux mâles, en mettre certains de côté pour la vente, castrer les autres et leur couper la queue.
Bref, nous assumons la difficile réalité de la traite du bétail.
Au menu également : de la maçonnerie (on a construit un cargadero en pierre et ciment) (bon, un cargadero c'est un plan incliné permettant de faire monter les chevaux et les motos dans un camion).

Notre plat de résistance : ponçage et huilage de planches, couverture de la façade d'un des bâtiments, cloutage du balcon.

Nos spécialités : chargement de bois, de moutons par cinquantaine (super physique), déchargement de tonnes de sable, de madriers pour le corral, bêchage de sillons, ramassage de foin.

La surprise du chef : course après les agneaux. En fait là pour chopper des agneaux dans un pré de dix hectares on doit vous avouer qu'on est vraiment nuls et qu'on aurait du filmer tout ça et le repasser en vitesse rapide sur la musique de Benny Hill !

Notre dessert : peinture d'une pancarte pour l'estancia (voir la photo dans le chapitre précédent).

Quand on a les mains dans la patte de brebis, c'est pas toujours facile de sortir un appareil photo. Celles qu'on a réussi à prendre malgré tout (de photos pas de brebis) vous donneront une petite idée du boulot. En tout cas nous on est contents d'avoir connu, à travers ce séjour, le "coeur de la Patagonie".


18 febrero 2006

Wanted Lilou Tagada !


10 febrero 2006

¡ Che papá !

Chaleur et peu de vent. Calafate est une petite bourgade sur la rive d'un lac immense au milieu du désert. Ses arbres et ses pelouses donnent l'illusion d'un autre climat. Sur la plage un gars, la quarantaine, pêche avec des boites de conserve acompagné par sa copine qui a seulement 15 ou 16 ans !

Journée grise. On a loué une voiture pour aller voir le glacier Perito Moreno. On prend en stop Lital et Tomer, israéliens. Ensemble on découvre, sous la pluie - seule et unique journée de pluie ! – ce glacier haut de 60m et plus étendu que Paris intra muros !
Le charme est un peu gâché par les autres touristes et, couverts par le bruit des seracs, nous en jetons deux ou trois dans l'eau.
Nous on a oublié l'appareil photo dans la voiture mais allez, pour vous, pour une fois, on va la chercher sur le net :

La pluie s’est arrêtée. On décide de profiter encore de la voiture pour aller faire un tour dans les environs de Calafate. Le soir tombe. Horizon rouge. Là il y a une clôture couchée et on voit de la route un gros rocher, pratique pour s’abriter du vent. On laisse la voiture sur le bas-côté. La distance est difficile à estimer. Peut être 5 minutes ? L'espace-temps s'étire. Plutôt dix. Quelle drôle de forme ! Mais ce n'est pas un rocher. Non, c'est trop grand, c'est une grange. Elle est habitée ? Ou alors une carcasse de bus ? Un engin de guerre ? Un bunker ? Quinze minutes qu'on marche.
Mais qu’est-ce qu’il fait là, aussi, ce rocher solitaire, au milieu de nulle part ? Tombé du ciel ?
Ca y est. Il a une forme de baleine. Un sourire immense, un oeil grand ouvert qui nous voit arriver dans le soleil couchant, poser une main sur son flanc carenné.

Point de repère dans la steppe qui rassemble le temps, rend possible un moment, rend possible le souvenir.
Ce moment est important aujourd'hui, bien plus que la visite au médiatique Perito.
La gueule de la baleine est une de nos entrées au pays de poésie.
Au camping “Jorgito” Juan, Lina, Jean, Matias, Daniel, Diego, Pieter, Merle, Colombie, Argentine, Hollande, Alban, François, Berengère, France et Belgique.
Charmant endroit, camping improvisé dans le jardin d’une maison. On est posés à l’ombre des arbres fruitiers. On sirote le mate, discute tranquilles, on écrit aussi. Quelques lettres.
Depuis quelques temps on se rend compte que la langue n’est plus une barrière. Quel plaisir de pouvoir discuter de tout et de rien, en espagnol ! Petit orgueil aussi de se faire prendre pour une hispanofone…!

On est bien
On se laisse aller à la douceur de vivre
Avec nos compères vendeurs de breloques, jongleurs, marcheurs fous
Le temps s’est suspendu
Pour un moment
Moment de trêve
Un bol d’air frais pour la suite